jeudi 24 juillet 2008

Alain Mabanckou, "Lettre à Jimmy", Fayard, 2007

Est-il encore utile de décliner l'identité d'Alain Mabanckou ?
Récompensé par de nombreux prix, l'auteur de Verre Cassé et des Mémoires de porc-épic s'adonne, dans ce livre, à un genre littéraire que je ne lui connaissais pas encore, celui de l'essai, sous forme d'une correspondance adressée à James Baldwin, à l'occasion du vingtième anniversaire de sa mort.
Alain Mabanckou retrace tout le parcours du romancier américain né à New York en 1924 et mort en France, à Saint-Paul-de-Vence, en 1987.
Fils adoptif d'un pasteur noir, Jimmy prêche lui-même pendant son adolescence à Harlem. La condition des Noirs dans ce ghetto est alors terrible et semble irrémédiable. Mais très tôt, soutenu par un de ses professeurs (une femme, blanche de surcroît - ce qui fait beaucoup pour son père quelque peu réticent au chemin que prend son fils), il s'intéresse à la littérature qui le mène jusqu'à Paris, en pleine période d'effervescence existentialiste.
Ce livre nous familiarise avec un auteur que personne n'ignore (au moins de nom), mais dont la figure reste encore aujourd'hui dans l'ombre d'autres personnalités du monde noir américain telles que Malcolm X ou Muhammad Ali. Pourtant, James Baldwin a joué un rôle majeur dans la lutte contre le racisme, offrant même une pensée plus large que ses homologues sur le monde qui l'entoure. Dans son combat politique comme dans sa littérature, il a constamment cherché une autre réponse à la ségrégation raciale que le repli communautaire : celle de l'homme qui se doit de simplement se considérer comme un être humain.
Lettre à Jimmy a cela d'intéressant qu'en plus d'être la biographie d'une figure essentielle à la pensée du xxe siècle, il est un point d'appui à des réflexions sur notre monde actuel et sur la place qu'y occupe l'immigré africain. Ce livre, plein d'une force combative et optimiste, est un outil à l'universalisme à mettre impérativement dans les mains des esprits étroits.
Claire

1 commentaire:

Sophie F. a dit…

Merci Claire pour cette présentation très alléchante. Comme tu le sais, j'ai adoré Verre Cassé et je veux bien lire Lettre à Jimmy.
Peut-être accepteras-tu de me le prêter ?...

Sophie